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12 juin 2007

Commentaires

bonne chance


Fabius piège Borloo sur la TVA « anti-sociale » (ou « anti-délocalisations », c’est selon) : ah… si les éléphants du Parti socialiste avaient été aussi volontaires et pugnaces durant la campagne présidentielle !

Qu’on aime ou non Laurent Fabius, il faut reconnaître une chose : il connaît son métier, il maîtrise parfaitement la « technique » politique.

Dimanche soir, devant des millions de téléspectateurs, l’ancien Premier Ministre de François Mitterrand, le plus jeune qu’ait connu la France, a piégé le Ministre de l’économie comme un bleu. Un cas d’école à étudier désormais par les postulants à la plus haute fonction de l’Etat.

Face à des élus UMP pétris d’arrogance non verbale, Fabius commence par apostropher Borloo sur un ton fortuit ; genre « Monsieur Borloo, pendant que je vous tiens, juste une petite question comme ça… ». Puis il embraie sur la TVA sociale, en demandant à Borloo – avec une voix subitement rentrée, comme un môme qui a quelque chose à se faire pardonner - de lui faire (pour une fois) le petit plaisir de ne pas esquiver la question : le nouveau gouvernement, va-t-il appliquer ce nouvel impôt (bienfaiteur et régénérateur, comme tous les impôts à destination des pauvres), oui ou non ? Et l’autre, à la surprise générale… il lui fait le petit plaisir ! Face à l’enfant retrouvé en Fabius, Borloo lui lâche le morceau sur la TVA anti-sociale pour le consoler. Ou alors, pour énerver "bien involontairement" Monsieur Fillon, dont il brigue la succession avec la même gourmandise que MAM (Michèle Alliot-Marie), selon une information parue il y a quelques semaines dans Le Canard Enchaîné ?

Quoi qu'il en soit, c'est du grand art politique.

En football, cela équivaut au coup du sombrero ; sauf que Borloo se demande encore aujourd’hui où est le ballon… On pourrait appeler ce geste une « Fabiusade », comme on a honoré notre JiPéPé national en appelant le retourné acrobatique une « Papinade ». Après coup, Fillon a dû tellement remonter les bretelles à son Ministre de l’Economie qu’il peut faire du saut à l’élastique avec celles-ci tant elles sont détendues !

Devant cette nouvelle expression du talent politique de Fabius, on se demande tout de même si nous ne possédons pas en France la gauche la plus bête du monde ; et s’il ne faudra pas que des dizaines de cars d’adhérents socialistes se déversent dans Lourdes pour prier et espérer qu’un jour – ô miracle ! – les leaders du PS, aux qualités pourtant complémentaires, cessent de se foutre sur la gueule, comme s’ils s’étaient lancés mutuellement dans un concours malsain de « happy slapping » en public.

Si Fabius et DSK avaient fait corps avec Royal, Monsieur Sarkozy serait aujourd’hui retiré dans un monastère. Et l’île de Malte ne serait connue que pour son Ordre de Chevalier.

Fabius a dégoté le seul fil qui dépassait de l’armure taillé sur mesure par Sarkozy pour s’emparer du pouvoir. Tout le pull est en train de venir… L’armure est certes toujours intacte, mais en attendant, les preux chevaliers UMP vont devoir aller se rhabiller à un moment ou à un autre. Fillon sort même déjà une arme de réserve avec le « revenu de solidarité active » - ah, l’Art Nouveau de l’emploi de l’adjectif, déjà évoqué sur ce blog…-.

Quel dommage que la puissance de feu des éléphants du PS ait malheureusement tourné à plein rendement que lorsqu’elle était retournée contre les socialistes eux-mêmes ! Comme les Français n’ont pas majoritairement une tendance suicidaire, les électeurs ont préféré donner leur voix à ceux qui paraissent s’aimer en public…

Aujourd’hui, le contentieux est tel entre Delanoë, Royal, Hollande, DSK et Fabius que je me demande même, au regard des haines ouvertement étalées, si la Gauche serait capable d’unir à nouveau leur force. Ils ont oublié cette célèbre maxime de François Mitterrand (approximativement restituée ici) : « Il suffit de cent hommes, bien décidés et unis de manière indéfectible, pour prendre le pouvoir. » Sarkozy, lui, a les trouvés.

Et vous qu’en pensez-vous ?



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