Cette après-midi, un ami sénégalais que je n’avais pas vu depuis longtemps m’a dit son indignation concernant les tests ADN et concernant "l'affaire' de l’Arche de Zoé. Il a attiré mon attention sur des considérations dont on n’a guère fait mention.
Certes, ce n’est pas l’actualité brûlante mais il y en a pour qui le quotidien n’a pas grand-chose à voir avec ce dont parlent les journaux. Il m’a parlé de certains villages africains entièrement décimés par le sida et où les adoptions par les voisins sont courantes. Il m’a demandé si ceux qui préconisaient ces tests trouvaient plus juste que ces enfants rejoignent les rangs des enfants soldats, à moins qu’ils ne doivent être réservés à l’adoption par des Français ?
Je partage son point de vue. Par l’adoption de l’amendement Mariani, les législateurs vont, de plus, entretenir le soupçon à l’encontre des immigrés en situation régulière, alors qu’il s’agit en théorie, de lutter contre l’immigration irrégulière. Ils vont également changer l’idée de ce qu’est la France. En effet, dans l’histoire de France, la famille n’a jamais été considérée comme un groupe d’individus rassemblés sur une base uniquement biologique. On pourrait presque dire que la cellule familiale est un modèle réduit du contrat social qu’est la nation française. Une association librement consentie de personnes qui se reconnaissent entre elles. Une communauté de destins, un futur, plutôt que le passé d’attaches biologiques.
Si je ne peux qu'être d'accord avec toi sur le non sens de la mise en place des test ADN, j'ai du mal à imaginer l'adoption ou la filiation naturelle comme une association librement consentie.
J'ai également toujours été sceptique devant les théories du contrat social, tout du moins pour ce qui est d'un contrat social entre individus (ou entre familles puisque même dans un hypothétique "état de nature" il n'est pas possible de faire l'impasse sur la famille). Si je suis français, il est certain que ce n'est pas le résultat d'un choix de ma part, et si j'étais amené à faire le choix de ne pas l'être, je me demande bien où et comment je pourrais vivre ... Les seuls à avoir fait ce choix sont peux être les immigrés indépendamment de la régularité de leur situation et la société ne respecte alors pas sa part de contrat pour tous.
La famille, au même titre que la société, ne puise certes pas sa légitimité dans le lien génétique mais dans le fait qu'elle est constitutive de l'être, qu'elle a su offrir des droits et un environnement propice au développement de cet être en son sein. Et cela sans qu'il n'y aie de contrat et donc de contrepartie attendue.
Rédigé par : Bettinelli Roland | 15 novembre 2007 à 14h01
C'est un enarque qui a écrit le commentaire ?
Pas certain que les Planoisiens aient tout compris.
Rédigé par : poilagratter | 06 février 2008 à 11h17