La proposition de retraite à 67 ans pose plus largement la question de la pertinence de l’allongement de la durée d’activité pour financer les retraites.
Cette idée n’est pas scandaleuse a priori. En effet, l’espérance de vie a considérablement progressée depuis l’instauration de la retraite à 60 ans. On vit plus longtemps et en meilleure santé, on pourrait donc travailler plus longtemps. On pourrait même dire que cette idée découle d’un raisonnement logique : si on est actif plus longtemps, on est retraité moins longtemps et on cotise plus longtemps, ainsi le ratio entre retraités et actifs peut redevenir favorable.
Le problème c’est que la réalité est tout autre. Seulement 35 à 40 % des plus de 55 ans occupent aujourd’hui un emploi. Les employeurs se séparent des salariés les plus âgés, considérés comme moins productifs. La prolongation d’activité ne constitue un choix que pour une minorité de salariés, qui exercent leur activité dans des conditions favorables. Par exemple, les professeurs des Universités peuvent déjà travailler jusqu’à 68 ans.
Ainsi, l’allongement de la durée de cotisation, en l’état actuel du marché du travail, fait baisser le montant des retraites, aggrave les inégalités qui touchent les carrières incomplètes (principalement des précaires, des femmes, des jeunes et des chômeurs) et ne résout en rien le problème du financement. De plus, même si cela n’est pas mécanique, on comprend bien que si certains salariés restent plus longtemps sur le marché du travail, cela retarde l’entrée de ceux qui cherchent à y entrer, principalement les jeunes (dont le taux de chômage en France est deux fois plus élevé – soit plus de 20 % - que le taux de chômage moyen, autour de 10 %), qui en plus ne pourront donc pas cotiser.