Nous avons été très nombreux dans les rues de Besançon, malgré la pluie battante, ce mardi 7 septembre pour dire notre opposition au projet de réforme des retraites. Mais les députés UMP et Nouveau Centre, ont voté le report de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite, et la nécessité de cotiser jusqu’à 67 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Ce vote pose en particulier la question de la pertinence de l’allongement de la durée d’activité pour financer les retraites.
Cette idée n’est pas scandaleuse a priori. En effet, l’espérance de vie a considérablement progressée depuis l’instauration de la retraite à 60 ans. On vit plus longtemps et en meilleure santé, on pourrait donc travailler plus longtemps. On pourrait même dire que cette idée découle d’un raisonnement logique : si on est actif plus longtemps, on est retraité moins longtemps et on cotise plus longtemps, ainsi le ratio entre retraités et actifs peut redevenir favorable.
Le problème c’est que la réalité est tout autre. L’amélioration n’est pas homogène. Quand on fait des métiers difficiles et que l’on commence à travailler tôt, on profite moins longtemps de sa retraite et en moins bonne santé. De plus, seulement 35 à 40 % des plus de 55 ans occupent aujourd’hui un emploi. Les employeurs se séparent des salariés les plus âgés, considérés comme moins productifs. La prolongation d’activité ne constitue un choix que pour une minorité de salariés, qui exercent leur activité dans des conditions favorables.
Ainsi, l’allongement de la durée de cotisation, en l’état actuel du marché du travail, fait baisser le montant des retraites, aggrave les inégalités qui touchent les carrières incomplètes (principalement des précaires, des femmes, des jeunes et des chômeurs) et ne résout en rien le problème du financement. Et chacun comprend bien, même si cela n’est pas mécanique, que si certains salariés restent plus longtemps sur le marché du travail, cela retarde l’entrée de ceux qui cherchent à y entrer, principalement les jeunes (dont le taux de chômage en France est deux fois plus élevé – soit plus de 20 % - que le taux de chômage moyen, autour de 10 %), qui en plus ne pourront donc pas cotiser.
Enfin, au risque de paraître simpliste, rappelons que la France reste parmi les 8 premières puissances économiques du monde, que la France est un pays riche, que ce n’est pas la crise pour tout le monde. En effet, on constate que le nombre de riches a explosé en France de 2004 à 2007, et cette très forte augmentation est allée de pair avec une explosion de leurs revenus », dit l’INSEE fin mars. Elle constate une augmentation de 28% des personnes dépassant les 100 000 Euros de revenus, et de 70% du nombre de celles au dessus du seuil de 500 000 euros. Parallèlement, la proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passée en un an, de 13,1% à 13,4%, ce qui porte à 8 millions le nombre de pauvres.
Que l’on ait besoin de moins d’heures de travail pour créer davantage de richesses est une excellente nouvelle. Cela signifie que les salariés français ont une excellente productivité (reconnue comme l’une des meilleures du monde). Cela veut surtout dire qu’il est possible de passer moins de temps à son travail, ce qui est un progrès pour l’humanité que les socialistes ne peuvent que célébrer et encourager. Le problème c’est qu’au lieu de partager le travail et les richesses, un nombre de plus en plus faible d’individus accumulent les richesses (pas grâce à leur travail) alors que d’autres n’ont pas de quoi vivre dignement. De nombreuses personnes souffrent au travail, subissent une pression qui peut les conduire jusqu’au suicide, alors que d’autres, malgré leur démarches ne peuvent pas travailler et ont juste les moyens de survivre.
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