Nicolas Sarkozy, dans son discours de mercredi 7 février à Toulon, a encore fustigé ceux qui vivraient des allocations contre ceux qui travaillent et ne peuvent pas en vivre. En parallèle, il veut continuer à baisser l’impôt sur le revenu (et il vide de son sens l’ISF avec le bouclier fiscal qu’il compte abaisser à 50 % des revenus) pour ne pas décourager le travail. Il semble que pour lui les pauvres sont des fainéants et ceux qui vivent bien ne le devraient qu’à leur mérite.
Devant ces sous-entendus honteux, je tiens à rappeler que la réalité est bien différente de celle présentée par le candidat de l’UMP.
La réalité, c’est que parmi les personnes qui n’ont pour vivre que des allocations, les femmes seules avec enfants sont de plus en plus nombreuses. La réalité, c’est aussi que parmi les gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté (730 euros par mois), ceux qui travaillent sont de plus en plus nombreux. La réalité, c’est enfin que ceux qui ont été licenciés sans pour autant avoir démérité, passent leur temps à chercher du travail et ne sont pas moins méritants que ceux qui ont pu le conserver ou ceux qui ont hérité leur fortune de leur famille.
Les revenus acquis par une personne ne résultent pas exclusivement de ses mérites personnels mais aussi du bon fonctionnement de la société, sans laquelle il ne pourrait déployer l’activité à l’origine de ses revenus. Autrement dit, un chef d’entreprise ne peut s’enrichir que s’il trouve une main d’œuvre bien formée, des infrastructures efficaces, un système juridique assurant le respect des contrats... Ce n’est sans doute pas pour rien que la France est le deuxième pays au monde dans lequel on investit. C’est pourquoi il est normal que, par le biais de l’impôt, ceux qui s’enrichissent en restituent une part à la société.
De même si une entreprise réussit, ce n’est pas exclusivement grâce à son patron, car on peut légitimement penser que ceux qui y travaillent y sont pour quelque chose. Or, tout se passe comme si ce n’était pas vrai. En effet, la part de richesse que créent ceux qui travaillent et qui leur revient et ne cesse de diminuer depuis 30 ans et ce, au profit des actionnaires qui eux ne travaillent pas dans l’entreprise (et pour nombre d’entre eux ne travaillent pas du tout).
Alors ce qui n’est pas normal, ce n’est ni de payer l’impôt sur le revenu ou l’ISF, ni ces allocations prétendument trop élevées (et d’ailleurs toutes inférieures au seuil de pauvreté). Ce qui n’est pas normal, c’est que quelqu’un soit payé aussi peu au regard de la richesse qu’il crée et que certains se plaignent de payer un impôt sur le revenu alors que d’autres n’ont droit qu’à la souffrance de la pauvreté, à l’inquiétude permanente de l’avenir de ses enfants et au mépris de ceux qui ont été plus chanceux.
C’est pourquoi je ne peux que vous inviter à signer la pétition lancée par l’excellent mensuel Alternatives économiques.
A propos de "Salauds de pauvres", il me semble important d'ajouter cette réflexion :
En se raidissant sur le maintien de bas salaires, les chefs d'entreprise s'opposent collectivement à leurs propres intérêts bien compris car qui peut croire une seconde qu'un pouvoir d'achat moyen insuffisant ne pénalise pas leurs propres carnets de commandes ?
Merci d'avoir créé ce site, Barbara.
Rédigé par : Michel Bétourné | 14 février 2007 à 16h19