La population française vieillit. Quelques chiffres suffisent à mesurer l’ampleur et la continuité du phénomène. En 1980, les personnes âgées de plus de 60 ans représentaient 17 % de la population totale. Leur pourcentage s’élève aujourd’hui à 20,9 %. De même, la part des personnes de plus 80 ans est passée de 2,8 % en 1980 à près de 4 % en 2000 et devrait s’élever à presque 6 % en 2020. Ainsi, d’ici à 2020, les octogénaires passeront de 2,1 millions à 3,8 millions. Après avoir réussi à réduire la mortalité infantile, notre société permet une existence de plus en plus longue : l’espérance de vie, à la naissance, atteint en 2004, 83,8 ans pour les femmes et 76,7 ans pour les hommes. Et ce chiffre augmente chaque année d’un trimestre.
L’évolution pourrait être rassurante. On pourrait se réjouir à l’idée d’une France où le poids de l’expérience pèse de façon sensible. Car les personnes âgées sont des compagnons de route. Elles ont des choses à nous dire sur le sens de la vie, les dysfonctionnements de notre société ; elles peuvent apporter un point de vue, du bon sens. Pourtant, cette révolution démographique fait peur. L’image de la vieillesse est souvent présentée comme négative, basée sur la déchéance physique. Le vieillissement de la population inquiète d’autant plus qu’il bouleverse tout à la fois les équilibres sociaux, culturels, économiques, urbains, la consommation, les représentations, les mentalités...
L’un des défis majeurs des décennies à venir est donc de prendre soin de ces personnes âgées, dont un nombre croissant sera face à la dépendance. Cette dépendance s’entend au sens des soins médicaux, mais aussi de l’assistance dans la vie de tous les jours. C’est pourquoi il me semble important d'agir pour :
- favoriser le plus longtemps possible le maintien à domicile par la mise en place de dispositifs appropriés (aide et soins à domicile, aménagement du logement, actions de prévention, lutte contre la dénutrition…), car c’est généralement le souhait des personnes âgées, qui ne veulent pas perdre leurs repères ;
- accroître le nombre de places en établissements pour personnes âgées, car aujourd’hui en France – et de façon encore plus aiguë dans notre département du Doubs où d'importants efforts sont faits – il y a un manque chronique de places en maisons de retraite ;
- généraliser la mise en place de Guichets uniques dans chaque département pour les personnes âgées et leur famille ;
- renforcer sur le long terme les liens de travail et de collaboration entre les différents intervenants qui prennent soin des personnes âgées, à domicile ou en établissement (aides ménagères, aides soignantes, infirmières, médecins, assistantes sociales…) ;
- créer une 5ème branche de Sécurité sociale en s’appuyant sur ce magnifique levier que représente l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) mise en place par Paulette Guinchard. C’est bel et bien par ce biais que pourra s’établir une véritable solidarité territoriale et intergénérationnelle face aux coûts de la dépendance. C’est le moyen le plus juste pour ne pas faire peser sur les seules personnes âgées et leurs familles les sommes élevées dans le cas d’un accueil en établissement.
Le volet de la prise en charge de la dépendance n’est, bien évidemment, que l’un des aspects du vieillissement de la population. Au final, c’est toute la place de la personne âgée dans notre société qu’il nous faut repenser. La vieillesse n’est pas, et ne doit pas être, une charge pour la société. Car une société qui vieillit – mais qui continue à faire tout de même plus d’enfants que les autres pays européens – n’est pas une société qui se meurt. C’est une société qui évolue. Redonner la parole et leur rôle de citoyen aux personnes âgées, exploiter au mieux leurs potentiels, favoriser la solidarité et le rétablissement du dialogue intergénérationnel : tel est l’un des autres défis que nous devons relever collectivement.
Bravo pour cette prise de position courageuse. Nous avons besoin de vous a Planoise. Bon courage.
Rédigé par : Muriel | 08 juin 2007 à 20h24