Le conflit qui se déroule actuellement au Proche-Orient est d’une extrême gravité. Je ne suis pas une spécialiste du sujet et ne prétends pas à l’exhaustivité. Néanmoins, comme citoyenne militante et responsable politique, je tiens à affirmer clairement ce que je pense dans cette situation qui me semble chaque jour plus intolérable.
J’ai souhaité également donner des éléments pour participer à la compréhension de ce qui se passe. Je peux me tromper, avoir omis des dimensions de la réalité et j’espère ne pas être caricaturale. Si cela était le cas, ce serait bien involontaire de ma part. Je suis également prête à faire évoluer mon opinion si vous voulez bien m’apporter d’autres éléments et analyses.
Gaza
Gaza est un minuscule territoire palestinien, pauvre et surpeuplé. Il n’a pas de continuité avec la Cisjordanie, car il est entouré par Israël au Nord et à l’Ouest, l’Egypte au Sud, et la Méditerranée à l’Est. C’est une bande territoriale longue de 45 km (soit la distance séparant Besançon de Dole), et large de 6 à 10 km . Sur cette terre vivent un peu plus de 1,4 millions d’habitants, soit une densité supérieure à 3200 hab/km2, l’une des plus élevée du monde (celle de la France est de 112).
Selon la Banque Mondiale, 70 % des Gazaouis ont un niveau de revenu qui les situe en dessous du seuil de pauvreté. Le revenu annuel moyen d’un habitant de Gaza est de 600 dollars, celui d’un Israélien de 19 500 $.
Que se passe-t-il à Gaza ?
Les Israéliens font le blocus de Gaza depuis plus d’un an et demi. Ce blocus a abouti à une crise humanitaire sans précédent sur laquelle toutes les ONG ont alerté la communauté internationale. Ce blocus empêche les habitants d’entrer ou de sortir de Gaza pour travailler, se faire soigner ou simplement commercer. Cette interdiction s’applique à tous les palestiniens. Mais elle frappe aussi les autorités diplomatiques. Ainsi, il y a quelques semaines, avant le déclenchement de l’offensive, le consul de France a été empêché d’entrer à Gaza. Les journalistes sont aussi interdits : difficile de ne pas supposer que l’Etat israélien a des choses graves à cacher ses agissements. Pire encore, depuis le début des frappes, ni les médecins, ni les convois humanitaires ne peuvent se porter au secours de la population civile.
Faut-il enfin préciser que l’Etat israélien, celui qu’on nous présente comme la seule démocratie de la région, se permet d’empêcher toute entrée ou sortie dans un territoire qui n’est pas le sien. Il empêche la circulation dans et vers une des dernières portions de terre dont les Palestiniens n’ont pas encore été expulsés. Il maintient les Palestiniens prisonniers sur leur propre terre, il les coupe du reste du monde, les affame, les bombarde. Au vu de l’exiguïté de la portion de terre aujourd’hui envahie et de la densité de la population, il est impossible que les frappes israéliennes épargnent les civils.
Et tout cela se passe dans la plus grande impunité, comme en témoigne l’Union Européenne qui a décidé sans vote de son Parlement, d’un nouveau protocole de coopération avec Israël. Ainsi, l’Etat d’Israël est hissé à un rang de quasi-membre.
Israël
Le monde entier est témoin aujourd’hui de la violence criminelle israélienne à l’encontre des Palestiniens. Certes, nul n’est obligé d’être d’accord avec toutes les revendications palestiniennes. Mais il n’empêche que les crimes actuels d’Israël, ajouté à la dégradation permanente des conditions de vie des populations civiles, remettent dangereusement en cause tout espoir des Palestiniens. Les humiliations, les privations, le maintien volontaire d’une précarité économique, tout cela engendre un désespoir qui ne fait qu’entretenir le fanatisme et la haine réciproques.
Aucune « raison de sécurité » ne peut justifier l’accaparement des terres palestiniennes, et le refus de laisser la Cisjordanie et Gaza se développer.
On peut comprendre que les Israéliens ont un besoin particulier de sécurité. Il est vrai que, à peine créé, leur Etat fut attaqué par le passé. Il est vrai aussi que certains de ses voisins lui dénient toujours le droit d’exister. Et bien sûr, aucun pays ne peut accepter de recevoir des roquettes ou de subir des attentats-suicides avec leur lot de déplacements et de morts civiles.
Pourtant, depuis de nombreuses années, on peut se demander si Israël n’est pas lui-même coresponsable de ce climat.
En effet, le comportement de l’Etat hébreu n’est pas dénué d’ambiguïtés. Il demande aux autorités palestiniennes d’assurer sa sécurité, mais par son blocus, il prive l’Etat palestinien des ressources nécessaires à l’exercice de son autorité. Pire, les conditions d’évacuation de Gaza au profit du Hamas, pourrait représenter une prime aux palestiniens les plus extrémistes. N’aurait-il pas été plus logique d’évacuer d’abord la Cisjordanie, contrôlée par l’OLP, plus modéré ?
Car comment interpréter l’installation continue de colonies israéliennes en pleine Cisjordanie ? Comment la construction d’un Mur en pleine Cisjordanie, qui empiète sur plus de 10% du territoire qui devrait revenir sous contrôle palestinien, pourrait-elle pacifier les esprits ? Comment le blocus des territoires palestiniens, qui affame la population, au point de la pousser dans les bras des intégrismes, pourrait-il favoriser la paix ?
L’invasion de ces deux dernières semaines, comme celle du Liban en 2006, ne règlera rien. Elle est illégitime et ne fait qu’encourager le désespoir et les extrémismes. Pire, la proximité des élections en Israël conduit à s’interroger sur les éventuels motifs politiciens du conflit.
Aujourd’hui, il revient à Israël de faire la preuve de sa bonne volonté, et de faire le premier pas parce qu’il est le plus puissant. Le budget et les moyens militaires israéliens sont sans commune mesure avec ceux des Palestiniens. Le nombre de morts également : près de 900 côté palestinien, une dizaine côté israélien.
Hamas
Bien sur que le Hamas a sa part de responsabilité. Nul ne peut se ranger du côté de ce mouvement extrémiste. Il nous faut constamment rejeter la décision de ses responsables de s’en prendre aux civils israéliens.
Il est possible qu’une partie du Hamas ne veuille pas d’Israël. Mais une partie du mouvement l’a de fait reconnu. Surtout le peuple palestinien et l’autorité palestinienne veulent la paix. Même si le Hamas n’est pas le meilleur partenaire pour la paix, il est en tout cas incontournable pour un cessez-le feu.
Le siège de Gaza, puis aujourd’hui son invasion, loin d’éliminer la menace des tirs de roquettes, n’aura d’autres conséquences que de rapprocher la population du mouvement le plus radical, à savoir le Hamas justement.
Le Hamas ne tire pas sa force du fait qu’il est parti religieux, mais parce qu’il est nationaliste. Il est vraisemblable que le Hamas sera d’autant plus soutenu qu’il apparaît comme l’unique soutien aux civils palestiniens. Plus la communauté internationale tarde à jouer son rôle pour faire cesser cette violence intolérable, plus les extrémistes se seront enracinés parmi ces populations constamment agressées.
« Communauté » internationale
L’inaction et l’hypocrisie internationale ne font que contribuer au développement de la haine et de la violence aveugle. D’autant que la population de Gaza est extrêmement jeune, plus de la moitié de la population a moins de 18 ans. Faut-il rappeler que ce conflit dure depuis 60 ans, et que ce sont trois générations qui y sont nées, et qui ont eu à subir les limitations d’accès à leurs propres ressources, qui ont connu et qui connaissent encore un chômage très élevé et une scolarisation réduite…
Il faut que la communauté internationale fasse appliquer les accords passés. Il faut qu’elle cesse de faire d’Israël son allié privilégié, qu’elle fasse comprendre au gouvernement israélien, qu’il a certes des droits, mais qu’il a aussi des responsabilités. Bref, que la communauté internationale fasse appliquer le droit international qu’elle a elle-même édicté.
Pour ce faire, il lui revient d’exercer enfin toutes les pressions possibles pour faire reculer l’Etat hébreu. L’Europe et les Etats-Unis doivent exiger formellement d’Israël l’arrêt immédiat du conflit, le démantèlement de ses colonies et la destruction du mur. Et enfin qu’elle laisse l’Etat palestinien se construire, au lieu de sans cesse l’affaiblir, qu’elle le reconnaisse dans ses frontières de 1967.
Notre intérêt à tous est d’aider à la recherche d’une solution acceptable et vivable par les deux peuples concernés. Ne laissons pas les paranoïaques et les « jusqu’au boutistes » anéantir les conditions d’une paix durable. Ne désavouons pas ceux qui, de part et d’autre, courageusement, israéliens et palestiniens, travaillent à la paix.
Barbara Romagnan
Conseillère générale socialiste
du canton de Planoise
A lire et à méditer
http://www.mohamed-sifaoui.com/100-comments-26644084.html
Rédigé par : rosalie | 13 janvier 2009 à 18h33
Les voix ne sont pas si nombreuses, au PS, qui parlent clairement et fermement de l'injustice radicale faite -depuis 60 ans- au peuple palestinien spolié de ses terres, de liberté et interdit d'Etat. Barbara Romagnan, avec Stéphane Hessel le sage et quelques autres, sauve donc l'honneur de ce parti -le mien- ou essaie de le faire, hommage lui soit rendu.
Il est temps de dénoncer l'hypocrisie d'une position de principe favorable à l'existence d'un Etat palestinien, celle du PS, de la social-démocratie et de la droite européennes, quand elle ne s'accompagne d'aucune action ni proposition pour imposer cet Etat dans les faits à la force brutale qui l'interdit : l'Etat israélien.
Les Palestiniens (pour les 4 millions qui n'ont pas été dispersés ailleurs, dans des camps de réfugiés) sont parqués, encerclés, opprimés dans des réserves ("bande" de Gaza, morceaux de Cisjordanie), comparables aux bantoustans des noirs sud-africains jadis, où ils ne contrôlent ni l'eau, ni l'énergie, ni la monnaie (israélienne), encore moins les échanges humains et économiques ou leur sécurité.
Il est temps d'appeler aux sanctions internationales contre Israël jusqu'au respect par cet Etat des résolutions internationales et du droit palestinien à un Etat souverain, viable (avec donc une continuité territoriale entre Gaza et le Jourdain) dans les frontières de 1967.
Camarade Romagnan, tu as une responsabilité, avec la sénatrice Cerisier-Ben Guiga et quelques autres, pour porter haut ce discours, qui rencontre un écho certain (mais aussi beaucoup d'opposition passionnée ou cynique)dans les rangs socialistes. Organisons-nous !
Bertrand Périssé, secrétariat fédéral Ps-Paris.
Rédigé par : Bertrand Périssé | 18 janvier 2009 à 11h09