Tous les jours, depuis le 12 février dernier et pendant 70 jours, 70 femmes de gauche forment autour de Ségolène Royal une chaîne qui traverse toute la France, de Lille à Marseille en passant par Besançon et qui nous conduira jusqu’à la victoire de la gauche à l’élection présidentielle.
Chaque jour, ces femmes mettent en avant le Pacte présidentiel de la candidate soutenue par le Parti socialiste, à travers quelques propositions qui leur tiennent à cœur. C’est ainsi que, vendredi 6 avril, Paulette Guinchard a souhaité aborder les questions du co-développement (proposition 96), et Marie-Guite Dufay a exposé l’imbrication du progrès social et du développement économique. Personnellement, j’ai développé les enjeux du mandat parlementaire unique (proposition 69).
En France, aujourd’hui, 93 % des parlementaires cumulent plusieurs mandats. Aucun des autres grands pays démocratiques n’a à déplorer un tel fléau qui aboutit à une aggravation du déséquilibre entre les pouvoirs au détriment du législatif et nourrit la désaffection des citoyens pour la chose publique.
Pour retrouver un minimum de crédibilité, il faut en finir avec l’accumulation du pouvoir dans les mains de quelques-uns, pendant des décennies, sur plusieurs mandats.
C’est évidemment une question de principe. Car, même si certains sont capables d’assumer 3 mandats, mieux que d’autres un seul, le fait d’être socialiste implique de partager le pouvoir, de la même manière qu’il implique de partager les richesses.
C’est également une question de démocratie, parce que tout le temps passé à autre chose qu’à son mandat est laissé aux fonctionnaires des services, souvent très compétents. Mais les citoyens votent pour que leurs élus tranchent, décident, et non pas pour que les techniciens le fassent à leur place. Sinon, il faut remplacer les élections par des concours administratifs.
C’est, enfin, une question de crédibilité. Car si nos concitoyens peuvent comprendre que la résolution du problème du chômage est largement entravée par la mondialisation libérale, nous n’avons aucune excuse sur le renouvellement de la vie politique. Une question de crédibilité également parce que la perspective d’inscrire dans la loi une nouvelle limitation du cumul des mandats ne nous exonère pas de la responsabilité d’agir dès maintenant, de nous appliquer à nous-mêmes ce que nous prônons pour tous.
C’est une condition de notre crédibilité, un moyen non suffisant mais nécessaire pour redonner confiance dans la politique. C’est aussi une façon de respecter nos concitoyen-ne-s en nous consacrant pleinement à cette mission qu’ils nous confient.
Le cumul des mandats a en partie détruit la 5e république, a tout le moins sa crédibilité et son acceptation par le peuple. Effectivement, il faut dire non au cumul des mandats, et ce sera dire non à une longue lignée de politiques qui vivent par pour et de la politique, pour enfin, avancer vers une 6e République.
Rédigé par : Jean Beapourt | 16 avril 2007 à 22h29