Prenant prétexte d’une détérioration sans précédent des comptes de l’assurance-maladie que le Gouvernement précédent a lui-même précipitée (37 milliards d’euros de déficit cumulé en 5 ans), le Gouvernement Sarkozy-Fillon propose de mettre en place un dispositif brutal de mise à contribution financière des assurés, désormais connu sous le nom de franchise, alors même que le forfait non remboursé de 1 euro a montré son inefficacité.
Derrière le caractère apparemment bénin de la mesure (4 franchises de 10 euros chacune, pour les soins, l’hôpital, les analyses et les médicaments) se cache un projet d’éclatement de notre système de santé solidaire par l’exclusion progressive des plus démunis et l’incitation à la désertion vers les assurances privées des ménages favorisés, alors que personne ne choisit d’être malade. Au contraire, ces franchises santé encourageront le renoncement aux soins médicaux de suivi, alimentant in fine le coûteux engorgement des urgences et les coûts beaucoup plus importants pour des pathologies devenues lourdes.
En fait, la droite assimile notre assurance-maladie solidaire à une assurance classique – pour une habitation, une voiture… – dont la vocation est d’engendrer du profit. De plus, avancer cette “solution” des franchises comme remède à un soi-disant gaspillage, c’est méconnaître la situation réelle de l’assurance maladie, puisque chaque année, plus de 20 % des assurés ne consomment déjà aucun soin ni médicament. C’est également négliger le fait que 70 % de la dépense totale sont dus aux 10 % des patients les plus gravement malades et à qui on ne peut décemment pas demander de moins se soigner.
Résolument opposée aux franchises médicales, je suis déterminée à conforter l’assurance-maladie solidaire dans la concertation et le souci de rétablir l’égalité d’accès aux soins, puisque d’ores et déjà, 13 % de nos concitoyens renoncent à se soigner pour des raisons financières.
Cela passe, certes, par une plus grande responsabilisation. Cette responsabilisation ne doit toutefois pas être le fait des seuls assurés, mais de l’ensemble des acteurs de l’assurance-maladie : Etat, professions de santé…
L’égalité d’accès à la santé passe également par la résorption des inégalités territoriales. C’est pourquoi il serait judicieux d’implanter, dans les zones déficitaires, des maisons de santé adossées à des établissements hospitaliers et favorisant le rapprochement des filières de l’hôpital, de la médecine de ville et du tissu médico-social. Ces services de proximité auront l’avantage de répondre au défi de la démographie médicale par la mutualisation des moyens logistiques et l’adaptation à la demande croissante de conditions de travail facilitées émanant du corps médical. Des bourses d’études incitatives et des aides à l’installation à plusieurs seront attribuées aux médecins libéraux acceptant de s’installer dans les zones aujourd’hui désertées.
L’égalité d’accès aux soins doit également se matérialiser par de véritables sanctions à l’encontre des praticiens qui refusent de plus en plus souvent celles et ceux qui bénéficient de la CMU (Couverture maladie universelle) ou de l’AME (Aide médicale de l’Etat). On ne doit pas introduire ainsi une médecine à deux vitesses. De la même manière, je crois nécessaire la réforme de ce système qui facilite aujourd’hui les dépassements d’honoraires médicaux, dont le montant atteint 2 milliards d’euros chaque année.
Et oui ma brave dame, 10 ans après la Cmu, la France préfère la franchise ! qu'est devenu notre pays ? une nation hypnotisée par les sirènes de l'argent au détriment de la plus élémentaire solidarité ! bravo la droite d'avoir réussi à convaincre une majorité de personnes de vivre sans se préoccuper de l'autre. Vite la gauche, retrouvez des idées simples et généreuses. Bon courage.
Rédigé par : Zorglub | 06 juin 2007 à 23h09
Merci de cette excellente analyse.
Je l'ai copiée sans vergogne sur le blog de notre section niçoise (http://www.nicemassena.org).
Bon courage pour la dernière ligne droite, à très bientôt.
Rédigé par : Hervé | 07 juin 2007 à 13h28