Hier, Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris, qui est aussi le Président du Conseil français du culte musulman (CFCM), était à Besançon au grand Kursaal pour parler de « L’Islam aujourd’hui à la croisée des chemins entre modernité républicaine et fondamentalisme communautariste ». J’avais déjà lu certains de ses propos, mais je ne l’avais jamais entendu en conférence et je dois dire que j’ai été assez impressionnée par l’érudition de son discours et la force de son engagement, particulièrement concernant la laïcité.
Même si tous les religieux de France et du monde, loin s’en faut, ne tiennent pas le même discours, c’était rassurant et revigorant d’entendre le sien. Surtout après avoir entendu deux semaines plus tôt, le discours du Président de la République sur la politique étrangère, devant la conférence des ambassadeurs.
Nicolas Sarkozy a présenté « la confrontation entre Islam et Occident » comme « le premier défi mondial » à relever. En parlant ainsi, il fait de la religion le principal critère de lecture du monde en réduisant toute une série de pays à l’étiquette de « pays musulmans » et en évoquant, à propos de l’énergie nucléaire, le « droit des musulmans » à « l’énergie du futur », plutôt que de parler des droits de citoyens d’Etats aux cultures différentes.
Cette vision réductrice et communautariste du monde est en rupture avec la conception universaliste de la politique étrangère de la France. Elle est aussi une atteinte à la laïcité de l’Etat dans la mesure où le Président de la République stigmatise les Français de confession musulmane en les limitant à leur religion, alors qu’ils sont tout aussi occidentaux que n’importe quels autres Français.
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