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18 mars 2007

Commentaires

Ce que j’aime sur ce blog, c’est la sincérité qui émane de vos textes et je voudrais en rajouter un peu en partageant mon expérience avec les médias. Je vais donc vous raconter une petite expérience personnelle, qui date déjà de 20 ans, mais qui m’a fait prendre conscience de ce qu’étaient déjà les médias.
En ce temps là, j’étais bénévole dans une association qui montait chaque été un spectacle « son et lumières ». Nous attirions plus de 10 000 personnes chaque saison et notre publicité couvrait un cercle de 70 kilomètres. C’était au début des radios « libres ». Comme pour toutes les associations, le budget, quoique conséquent, restait serré. (C’est fou ce que ça coûte un spectacle, même avec du « personnel » bénévole) Nous proposions donc aux radios locales de nous passer quelques spots en échange de leur logo sur nos affiches, cela marchait car la plupart de ces radios étaient comme nous, des associations de bénévoles.
Quand j’ai fait ma proposition au patron de la nouvelle radio, commerciale affichée, qui venait de s’installer dans notre secteur, j’ai eu droit à un véritable cours de « médialogie » sur le thème : « mon métier, c’est gérer un média, c'est-à-dire vendre de l’espace publicitaire. La radio est un support publicitaire au même titre que les panneaux le long des routes. Mon boulot, c’est de faire en sorte que le plus de gens susceptibles de répondre à un message de pub soient à l’écoute de ce message, donc à l’écoute de la radio au moment de la diffusion. C’est pourquoi je construis la grille de programme, je sélectionne les morceaux de musique en fonction des messages publicitaires que j’ai à passer. »
Ce n’était pas le directeur de TF1, mais c’était le même discours et il est valable pour les télés, les radios, les magazines, les journaux, bref pour tout ce que l’on appelle média.

Les journalistes sont comme tout le monde, si vous leur mâchez le boulot, ils sauteront sur l’occasion. Regardez comment les journaux parlent d’un film. Et puis ayez la curiosité d’aller voir le dossier de presse sur le site Internet du film. C’est souvent la même chose…
Le plus difficile, ce n’est pas d’avoir une info intéressante, c’est d’arriver à toucher un journaliste.

La presse libre et objective est une chimère. Jamais un homme ne pourra faire une analyse sans utiliser son jugement, son vécu, etc. parce que tous les évènements ne peuvent faire l’objet d’un traitement médiatique, il y a forcément un choix. Le média sera toujours indépendant d’un tel et dépendant de l’autre. A mon sens le véritable problème n’est pas là. Le véritable problème est dans la capacité de chacun à exercer son sens critique, à aller chercher l’information sans attendre qu’on la lui donne, pré-machée, à 20h, tous les soirs. Celui qui a la chance de pouvoir suivre les journaux télévisés francophone (Belgique, suisse, canada, France, …) comme cela était possible, entre 19h et 20h30 sur TV Europe, celui là peut constater combien le traitement de l’info peut être différent. J’ai déjà constaté un commentaire diamétralement opposé, sur les mêmes images diffusées sur F2 et F3 !

Bonjour Barbara

Que dire après ces vérités révélées sous une forme intelligible pour tous ?
Sinon que la démocratie peut, parfois, dans certains domaines et sous certains aspects, faire éclore une dictature en miniature. Ce n’est pas celle qui nous empêche de parler ou d’agir ; non, c’est la dictature qui, en nous donnant l'impression de nous représenter, parle à notre place, tente d’agir à notre place et qui, plus grave encore, comme tu le dis si bien à propos de M. Le Lay, cherche à s’approprier jusqu’à l’usage de nos cerveaux. Cela rejoint la réflexion de Heinrich Von Kleist qui avait dit : « Le journalisme français est l'art de faire croire au peuple ce que le gouvernement juge opportun de lui faire admettre. »
Mais, contre cela, nous devons rester vigilants, car nous avons la puissance de choisir ce que nous regardons, ce que nous lisons, ce que nous en assimilions et nous possédons la faculté d’y appliquer notre esprit critique, pour peu que nous en ayons la Volonté.
Barbara, les sujets que tu traites sont essentiels et dénotent d’une volonté de les voir évoluer dans le sens du respect des déontologies, du citoyen et des règles démocratiques.
Bravo.

Un grand merci pour l'analyse sur le fonctionnement des médias et comment sous des aspects anodins l'information est "intoxiquée". Cela permet de comprendre quelles sont les mesures à prendre pour notamment revenir à la mission de service public

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