Je ne me réjouis pas de célébrer aujourd’hui la Journée Internationale des Femmes. Non pas que je pense qu’il soit devenu inutile de parler d’elles. Bien au contraire. Mais le simple fait qu’il y ait encore besoin d’une journée suffit à prouver son échec.
Ici déjà, et ailleurs encore davantage, la situation des femmes demeure très préoccupante. Il est impératif de se saisir de ces problèmes. Pour cela, il faut comprendre, en profondeur, la multiplicité des situations, la pluralité des profils, la complexité des contextes. Il n’y a pas une femme – « la » femme – , mais des milliards de femmes, qui, chacune différemment, selon des degrés variables, souffre de situations de précarité, de domination, de violence…
Pouvoir les aider nécessite de les connaître, de les comprendre. Ségolène Royal, durant des mois, à la rencontre de toutes ces femmes, a écouté, enregistré, réfléchi. Elle a pu faire l’analyse de la réalité de ces vies et produire des propositions novatrices et adaptées. Je la relaie aujourd’hui dans son désir de changer le quotidien des femmes, à travers des mesures fortes et claires :
- le Smic à 1500 euros : deux fois plus de femmes que d’hommes sont au Smic
- augmentation de 5 % des petites retraites tout de suite : 83% des personnes percevant le minimum vieillesse sont des femmes
- lutte contre le travail précaire en encourageant les entreprises à transformer les contrats précaires, CDD, intérim, en CDI : les femmes constituent 80% des travailleurs pauvres, 82% des temps partiels
- pour une sécurité sociale professionnelle : le retour à l’emploi pour les femmes ayant cessé de travailler pour élever leurs enfants est souvent très difficile. L’accès à une formation qualifiante et une aide personnalisée constituent des outils majeurs de réinsertion professionnelle.
création d’un service public de la petite enfance - développement du maintien à domicile et augmentation des structures d’accueil des personnes âgées : après avoir élevé leurs enfants, c’est d’abord les femmes qui sont mobilisées pour comprendre l’insuffisance de structures d’accueil pour personnes âgées
- accès à la contraception gratuite pour les femmes de moins de 25 ans
- loi-cadre contre les violences faites aux femmes : tous les 3 jours, une femme meurt en France des coups de son (ex) compagnon. Il faut, comme en Espagne, une prise de conscience et une mobilisation collectives. Ce sera la première loi présentée au Parlement
- non-cumul des mandats pour les parlementaires, parité hommes/femmes : l’égalité politique est une condition de l’égalité sociale et du renouvellement de la représentation
Je ne pense pas que ce soit aux femmes plus qu’aux hommes d’améliorer la vie des femmes. Cela doit être une nécessité commune. Mais je suis sûre qu’être une élue politique donne le devoir de ne pas se contenter de beaux discours, de bavardages de quelques minutes, d’affichages opportuns, de gadgets qui ne servent ni la cause des femmes, ni la politique et qui ne permettront pas à nos concitoyen-ne-s de croire de nouveau en la politique. Etre une élue oblige à l’action, au contact de celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Si la Journée du 8 mars a un intérêt, c’est celui de faire parler des femmes, de braquer les projecteurs au moins un jour dans l'année sur les inégalités, les injustices, les oppressions dont elles sont encore victimes. Mais cela ne peut pas suffire. On ne peut changer les choses qu’en s’obligeant au quotidien à rencontrer les femmes, pour les comprendre et mettre ensuite en place les outils adaptés pour améliorer leur vie. Leurs problèmes sont trop importants pour qu’on ne leur consacre pas le temps et l’énergie qu’elles méritent.
C’est dans l’action et la durée, que nous pourrons un jour, espérons-le, rendre cette journée du 8 mars inutile.
Jeudi soir, Ségolène Royal, lors de son discours à Dijon à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, a déclaré : " Ici, à Dijon, je vous le dis, si je suis élue présidente de la République, Olympe de Gouges entrera au Panthéon ".
Olympe de Gouges était une femme de lettres devenue femme politique et féministe de 1788 à sa mort sur l'échafaud en 1793. Elle a laissé de nombreux écrits en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l'abolition de l’esclavage des noirs. Elle est devenue emblématique des mouvements pour la libération des femmes, pour l'humanisme en général. Son oeuvre est reconnu depuis peu, grâce au travail de chercheurs au début des années 1980. Son ouvrage le plus célèbre est La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, rédigée en 1791 sur le modèle de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Elle dit ainsi que "La femme nait libre et demeure égale en droits à l'homme". C'est le premier grand texte féministe connu. Il comporte un préambule suivi de 17 articles.
Le 24 juin 2004, Le Conseil Municipal a proposé une rue "Olympe de Gouges", son combat pour l'égalité et la condition des femmes malgré les nombreuses difficultés qu’elle a rencontré dans son parcours étant un symbole que notre maire Jean-Louis Fousseret et son équipe voulaient faire partager aux Bisontines et Bisontins. Ainsi notre commune est une des rares villes à avoir une rue Olympe de Gouges.
Je suis sûr et certain que Barbara sera fière, une fois élue, de pouvoir aller au Panthéon rendre hommage à cette femme d'action, en passant bien sûr, par la rue Olympe de Gouges à Besançon.
Rédigé par : Guillaume | 13 mars 2007 à 11h38