Si la politique vous intéresse un peu, il n’a pas dû vous échapper que le Parti Socialiste est en Congrès. Le Congrès du PS sert à déterminer la ligne politique (c’est-à-dire les idées principales) qui va le guider durant les années qui viennent. Il sert aussi à désigner ceux et celles qui porteront ce projet qui doit nous permettre d’emporter les échéances électorales à venir, en particulier l’élection présidentielle qui doit se tenir en 2012. Cela, afin que nous soyons à même de transformer la société, dans l’intérêt des citoyens.
Malgré les apparences, il ne s’agit pas exclusivement d’un combat d’egos. Il est clair que ce sont aussi des destins personnels qui se jouent. Mais il est normal que cela soit le cas. Ce qui ne l’est pas, c’est que l’enjeu du Congrès s’y limite. Ce n’est pas ce que je crois. C’est pourquoi j’y prends ma part. Et je crois qu’il est juste que j’informe ceux qui me font la courtoisie de me lire régulièrement de mes choix en la matière.
J’ai fait le choix de la motion C, dont le premier signataire est Benoît Hamon, député européen. Voici quels en sont les axes principaux.
Tout le monde se rend compte maintenant que le dogme néolibéral qui règne depuis 30 ans est en train de s’effondrer. Le capitalisme montre son vrai visage avec quatre crises majeures – financière, énergétique, alimentaire et environnementale – dont la simultanéité met en évidence les dangers et les limites de la « mondialisation libérale ».
En moins d'une semaine, le capitalisme financier (dérégulation, privatisation à outrance, tout marché et libre-échange sans limites) a vu voler en éclat la suprématie que lui conférait son caractère prétendument « incontournable ». Seul le recours massif à l'action publique a permis de surseoir provisoirement au chaos créé par la spéculation et la subordination de l'intérêt général aux intérêts particuliers.
1. Nos finalités politiques
- La régulation plutôt que l’adaptation
Réguler, c’est renforcer l’action publique nationale, européenne ou mondiale en lui donnant les moyens d’agir. Face à la crise écologique, le capitalisme financier mondialisé et les règles de l’économie de marché ne peuvent constituer la solution appropriée. Seule une politique alternative nouvelle repensant la redistribution des richesses, du local au mondial, peut permettre de sortir d’un système incohérent et sans règle.
- La question sociale d’abord !
Depuis 1997 le pays a crée plus de 500 milliards de richesses nouvelles. Mais cet enrichissement profite à un petit nombre. En 10 ans, les profits du CAC40 ont progressé 100 fois plus vite que les salaires. Les 500 premières familles de ce pays ont engrangé 80 milliards d’euros de plus l’an passé que l’année précédente, soit 8 fois le trou présumé de la sécu. Ces fortunes « familiales » représentent aujourd’hui 15% du PIB contre 6% il y a 10 ans. De l’autre coté les Français s’appauvrissent, 50% gagnent moins de 2000 euros, il y a 7 millions de pauvres dont trois millions de travailleurs à ce jour. La pauvreté n’est pas à coté du système mais résulte du système d’accumulation de la richesse et pas du comportement des pauvres ou des chômeurs, comme le font croire les libéraux. On ne peut donc résoudre le problème sans une refonte total du partage des richesses. Ce partage passe nécessairement par une politique audacieuse en agissant sur plusieurs leviers en même temps : fiscalité, droit du travail, salaires, services publics.
- Nos batailles culturelles
Nous devons combattre 30 ans d’offensive néo-libérale culpabilisant, divisant et criminalisant même ceux dont elle abuse (salariés, chômeurs, pauvres, malades..) et qui ponctionne les richesses produites par le travail au profit de quelques uns au nom d’une politique dite « incontournable » ou sans alternative. Faire de la politique c’est choisir, c’est accepter qu’il existe des conflits d’intérêts dans la société et que leur conciliation n’est pas forcément notre objectif. Pour nous l’émancipation des hommes et des femmes ne passe pas par la concurrence et la compétition, l’individualisme érigées en valeurs dominantes.
Les valeurs de la droite sont aux antipodes du projet et des valeurs socialistes.
2. Les terrains de la reconquête
- Le libre échange
Le modèle du libre échange sans limites est en échec. En son nom des centaines de milliers d’emplois ont été détruits, des services publics démantelés, des garanties sociales anéanties. Face à cela, nous proposons de promouvoir la préférence communautaire pour lutter contre les délocalisations et assurer la cohésion européenne (activation du tarif extérieur commun pour lutter contre le dumping social et environnemental, baisse des taux européens, harmonisation des normes fiscales et sociales, création d’une communauté européenne de la recherche et de l’innovation). - Répondre à l’urgence écologique
L’urgence écologique s’impose à nous. Le marché est incapable de préparer l’avenir. Il nous faut inventer des nouvelles formes de régulation et des efforts accrus de recherche publique. Le défi écologique légitime l’exigence de l’extension du champ du service public, par exemple pour la gestion de l’eau, ou dans le secteur énergétique. Il faut introduire des critères environnementaux dans le code des marchés publics. - Pour une nouvelle politique sociale
Nous envisageons trois priorités : le rétablissement de la justice fiscale (création d’un grand impôt progressif sur le revenu, CSG entreprise assise sur la valeur ajoutée des entreprises, la baisse de la TVA, une réforme de la fiscalité locale) ; la relance du pouvoir d’achat des salariés et des retraités (augmentation des salaires et notamment du SMIC, conférence salariale, taxation des stock-options et mise à contribution des profits) ; de nouveaux droits pour la jeunesse : élaboration d’un statut social pour les jeunes en formation et en insertion. - Réinventer les moyens de l’action politique
- reconstituer les marges de manœuvre de la puissance publique (mobilisation de l’épargne, redéploiement du paquet fiscal, nouvelles recettes par la réforme fiscale) ;
- réappropriation de secteurs stratégiques par la puissance publique, relance d’une politique industrielle ;
- rendre les services publics efficaces et accessibles (des transports collectifs, un service public de la petite enfance, du logement et de l’habitat) et en développer de nouveaux (énergie, eau). - Changer le cours de la construction européenne en révisant le pacte de stabilité, en favorisant l’harmonisation fiscale et sociale, en créant un impôt européen sur les sociétés, en lançant un emprunt pour financer le budget communautaire, en protégeant et développant les services publics en Europe.
- Une nouvelle politique de l’immigration
La mondialisation libérale organise la misère en même temps qu’elle criminalise ceux qui la fuient aussi les deux premiers actes de cette nouvelle politique d’immigration devront pour nous être la régularisation de tous les sans-papiers travaillant sur le territoire ainsi que des enfants déjà inscrits dans nos établissements scolaires ainsi que de leurs familles et la reconnaissance du droit de vote des étrangers aux élections locales. - Approfondir la démocratie : vers une 6ème république en faisant le choix d’un régime primo-ministériel, en renforçant les pouvoirs de l’Assemblée nationale, et la démocratie (par un statut de l’élu, une parité améliorée, la limitation stricte du cumul des mandats...), en améliorant le contrôle démocratique des pouvoirs, retour sur tous les dispositifs liberticides mis en place depuis 2002, amélioration de la démocratie sociale.
La question de l’union de la gauche demeure une question centrale pour vaincre et agir : les socialistes n’ont pas d’ennemis à gauche et doivent concentrer toute leur attention au combat contre la droite.
Bien à vous,
Barbara Romagnan
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